mardi 5 décembre 2017

R.I.P Jean d'Ormesson...

Monsieur le Comte va enfin pouvoir saluer Monsieur le Vicomte. Jean d'Ormesson vient de rejoindre Chateaubriand - une de ses grandes références littéraires - au coeur du mystère qu'il a lui-même tant questionné. Il affirmait dans "Au revoir et merci" : « Je suis, à ma façon, un amateur d’histoire, un spectateur du bon Dieu (…) Je suis une espèce d’agent secret de Dieu. » Il est sûr que l'on sentait en creux que, chez lui, "le monde ne suffit pas", qu'il ne saurait suffire malgré tous les plaisirs qu'il procure. 
Je citais volontiers dans une liste non exhaustive des plaisirs de la vie le fait de l'entendre parler de l'auteur des Mémoires d'Outre Tombe à qui il avait consacré une "biographie sentimentale" : "Mon dernier rêve sera pour vous." Quand une voix se tait le monde change de visage dit-on...
Et lorsqu'elle parle ailleurs ? D'ailleurs ? Celui qui se qualifiait "d'espèce d'agent secret de Dieu" peut dès à présent, en cet instant exprimer depuis le coeur de Dieu l'accomplissement de sa quête, la réponse à son questionnement et nul ne sait la forme et la résonance que cela pourra avoir ici-bas. 
Novateur, il avait fait élire Marguerite Yourcenar à l'Académie Française. On se souvient du paragraphe fameux : "Ce sont, j’imagine, des réflexions de cet ordre qui vous ont incités, Messieurs, à me permettre de prononcer devant vous sans que le ciel me tombe sur la tête, sans que s’écroule cette Coupole, sans que viennent m’arracher de mon fauteuil les ombres indignées de ceux qui nous ont précédés dans cette lignée conservatrice d’un patrimoine culturel où, fidèles à l’étymologie, nos pères semblent s’être livrés depuis toujours et tout seuls à une espèce d’équivalent masculin et paradoxal de la parthénogenèse − un mot inouï et prodigieusement singulier : Madame." 
Je termine ces quelques flashs par un de ses romans : "Au plaisir de Dieu". Il y décrivait la fin d'une grande famille, celle du duc du Plessis les Vaudreuil. Très largement autobiographique, ce roman tire son titre de la devise du prélat français Benoit Adam  gravée sur le fronton de l'oratoire San Giovanni in Oleo à Rome. Au plaisir de Dieu, en voilà un programme, en voilà une espérance. 
Finalement, il restait tant à découvrir. 
Belle éternité !

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