samedi 15 juillet 2017

Chut...

Il n’en est pas moins vrai que le silence est surtout l’attitude positive de celui qui se prépare à l’accueil de Dieu par l’écoute. Oui, Dieu agit dans le silence. D’où cette observation si importante du grand Saint Jean de la Croix : « Le Père n’a dit qu’une parole, à savoir son Fils et dans un silence éternel Il la dit toujours : l’âme aussi doit L’entendre en silence ». Le livre de la Sagesse (Sg 18, 14) avait déjà noté cela à propos de la manière dont Dieu intervint pour délivrer le peuple élu de sa captivité d’Égypte : cette action inoubliable eut lieu pendant la nuit : « Alors qu’un silence paisible enveloppait toutes choses et que la nuit parvenait au milieu de sa course rapide, du haut des cieux, ta Parole toute-puissante s’élança du trône royal ». Plus tard, ce verset sera compris par la Tradition liturgique chrétienne comme une préfiguration de l’Incarnation silencieuse du Verbe éternel dans la crèche de Bethléem. Quant à la Bienheureuse Élisabeth de la Trinité, elle insistera sur le silence comme condition de la contemplation du Dieu Trinité.
Ainsi, il faut faire silence : il s’agit bien d’une activité, et non d’une oisiveté. Si notre « téléphone portable intérieur » sonne toujours occupé, parce que nous sommes « en conversation » avec d’autres créatures, comment le Créateur peut-t-il avoir accès à nous, comment peut-il « nous appeler » ? Nous devons donc purifier notre intelligence de ses curiosités, la volonté de ses projets, pour nous ouvrir totalement aux grâces de lumière et de force que Dieu veut nous donner à profusion : « Père, non pas ma volonté, mais la tienne ». « L’indifférence » ignacienne est donc elle aussi une forme de silence.
Cardinal Robert Sarah

Aucun commentaire: